l'identification des restes

l’identification des restes

1988-91

L'abbaye de Saint-Roman est une abbaye troglodytique creusée dans un massif de calcaire burdigalien qui couronne une colline boisée, en bordure du Rhône. Sur la terrasse naturelle qui couvre l'abbaye, ont été ouvertes dans le rocher une multitude de tombes au tracé anthropomorphe.

Figuration par le vide: la forme des tombes a gardé l'empreinte de l'homme, image en creux dévoreuse de corps, trace fossile, ouverte à la face du ciel.

Quand la pierre était poissonneuse...

La base de la colline de Saint-Roman et des sommets environnants est un dépôt marin datant du crétacé auquel se sont superposés des dépôts lacustres de l'éocène. D'une mer à l'autre, le squelette de l'eau construit un paysage: la mer se superpose à la mer, concordante, discordante, entrecroisée... Celle du burdigalien, il y a dix huit millions d'années, était chaude, le climat tropical: les calcaires crétacés y formaient "des hauts-fonds et des îles contre lesquels se sont développés des faciès récifaux et para-récifaux".

L'accumulation des organismes vivants qui peuplaient cette mer, Algues, Bryozoaires, Echinodermes, Mollusques, Pectinidés, Requins,... a formé la roche dans laquelle a été creusée l'abbaye. Si les corps des hommes ensevelis ici ont disparu, les bêtes sont là, broyées et usées, mais visibles et encore identifiables. Animaux discrets, absents des mythes et des sacrifices, leur rapport à l'homme est de proximité muette: depuis des temps très anciens, leurs restes servent de matière première à tout ce qui fait enveloppe au corps humain, constructions ou sépultures.

L'intercession ici était directe: la même pierre, celle de la montagne, recueillait le corps des saints - des fragments de la main de Saint-Roman et du pied de Saint-Trophime- et le corps des fidèles, formait la voûte et les colonnes du sanctuaire.

Faire identifier les restes des animaux fossiles par des paléontologues.

Sur l'image latente du creux des tombes, écrire au fixateur les noms des animaux. Ecriture sans insistance, qui arrête l'image dans son tracé, ossements légers, épitaphes.

Rencontres Internationales de la Photographie, Arles, 1991

(Installation au Musée Réattu) :

- 12 grandes tombes: 70 x 200 cm.

- Installation au sol: 7 boîtes ouvertes, 130 x 14 cm contenant chacune un tirage 70 x 200 cm enroulé.

- "En croix": 250 x 160 cm, en douze parties.

- 8 "Portraits": 50 x 60 cm.

- 50 "Positif/Négatif" : 18 x 24 cm.

Epreuves uniques.